« Le grand hiver » (1709)

« Le grand hiver » (1709)

Le froid dura, cette année-là, du 6 au 23 janvier. Le curé Buisson de Fondettes a relaté dans son registre ses principaux effets dans sa paroisse. Les charrettes chargées pouvaient passer sur la Loire gelée. La vigne reçut de grands dommages. Il fallut arracher beaucoup de ceps. Il ne fut pas produit dans la paroisse de Fondettes plus de 40 poinçons de vin (1 poinçon = 265,6 l). Les blés gelèrent, les arbres fruitiers aussi. Et les prix grimpèrent considérablement. De plus, au mois de juin, la Loire déborda, inondant toutes les terres voisines, gâtant encore de nombreuses récoltes. Le commerce à Tours avait subi un coup d’arrêt, notamment à cause des guerres, ce qui eut de graves répercussions économiques à Fondettes, où de nombreuses familles bénéficiaient d’un complément de revenu par le dévidage des cocons de soie que leur livraient les marchands soyeux de la ville. Et le nombre de pauvres augmenta. L’année 1709 marqua pour un long moment la mémoire de nos ancêtres.

 

Repères chronologiques

Repères chronologiques sur l’histoire de Fondettes

Entre – 40 et – 50 avant J.C – Enfouissement d’un trésor sous le foyer d’un habitat situé au pont de la Motte. Ce trésor, appartenant aujourd’hui à la Société archéologique de Touraine, était composé notamment de 904 monnaies gauloises enfermées dans un vase. La forte proportion de monnaies attribuées aux Carnutes (peuple gaulois de la région de Chartres) a fait émettre l’hypothèse que le trésor a été enterré là par des réfugiés de ce peuple, chassés de leur territoire par la guerre.

Epoque gallo-romaine – Plusieurs sources ou vestiges anciens témoignent de l’occupation romaine sur le territoire de Fondettes. Dans le parc du château de Châtigny notamment, ont été exhumés les restes d’une importante villa. Par ailleurs les pieux d’un pont sur la Loire, datant du Haut Empire, sont encore visibles, en face de la Guignière, en période de basses eaux. La voie romaine conduisant de Tours à Angers est encore inscrite dans le réseau routier moderne sur le coteau qui borde le fleuve.

Entre 370 et 397 – Pendant son épiscopat tourangeau, saint Martin, selon Grégoire de Tours, aurait fait bâtir un oratoire sur le site de l’actuel château du Grand-Martigny, et s’y arrêtait souvent pour prier, lorsqu’il se rendait dans les paroisses qu’il avait fondées en aval de la Loire.

Vers 1010/1020 – Bataille de Montboyau (près du pont de la Motte).

1080 – Une charte de Marmoutier fait état de l’ecclesia Sanctae Mariae de Fundeta. C’est la première mention actuellement connue du nom de Fondettes dans les archives anciennes.

1569 et 1572 – Pendant les guerres de Religion, le bourg de Fondettes est envahi à plusieurs reprises par des hommes en armes qui commettent quelques exactions sur la population.

1571 (décembre) – Crue de la Loire. Le fleuve rompt la levée et inonde la varenne.

1572 – L’héritière de Martigny, principal fief de la paroisse de Fondettes, épouse Louis Le Boucher, fondant ainsi une nouvelle dynastie dont les membres se succèderont jusqu’à la Révolution.

1607 (septembre-octobre) – Une épidémie est signalée à Fondettes.

1608 – Hiver rigoureux. Neiges abondantes et janvier et février. La débâcle fit des victimes et menaça d’emporter les maisons du pont de la Motte et de la Guignière.

1615 – Grand froid. Les vignes de Fondettes gèlent.

1635 (30 septembre) – Baptême, dans l’église de Vallières, de Louis-Charles d’Albert, second duc de Luynes, né le 24 décembre 1621.

1661 – Année de grande mortalité. Jean Bourau devient curé de Fondettes. Il le demeurera jusqu’à sa mort en 1707. Il est ainsi resté 46 ans en fonction, ce qui constitue un record.

1668 – Grand froid. Les vignes de Fondettes gèlent.

1684 (6 février) – Naissance de Jean Baptiste Joseph Vuillart dans la closerie des Maisons Rouges, dépendant de l’ancienne paroisse de Vallières. Il est plus connu dans le monde des lettres françaises sous le nom de l’abbé Grécourt, poète libertin (1684-1743).

1695 – Plusieurs enfants sont dévorés par les loups.

1709 – Le grand hiver. Le froid dura du 6 au 23 janvier. Le curé Buisson de Fondettes a relaté dans son registre ses principaux effets dans sa paroisse.

1713 (28 décembre) – Bénédiction de la cloche de l’église Saint-Pierre de Vallières, laquelle est prénommée Marie, du prénom de sa marraine, Marie-Anne de Cop, épouse de Louis Gatian, seigneur de Taillé.

1714 – Décès à Vallières de Louis Catinat, abbé de Saint-Julien de Tours. Son cœur est déposé dans le chœur de l’église Saint-Pierre.

1769-1770 – Années de calamités. Pluies incessantes. Très mauvaises récoltes, entraînant maladies et famine.

1772 – Les paroisses de Vallières et de Saint-Genouph, de l’autre côté du fleuve, se disputent la possession de l’île-aux-Bœufs, située dans le lit du fleuve, entre les deux villages riverains. C’est la paroisse de Vallières qui aura finalement gain de cause.

1789 (1er mars) – Rédaction des cahiers de doléances de Fondettes et de Vallières par les assemblées des habitants réunis devant les églises de chacun des deux villages.

1795  (juillet) – Louis Etienne Ambroise Le Boucher, seigneur de Martigny, qui avait émigré en 1791, participe au débarquement à Quiberon des troupes réunies en Angleterre pour combattre auprès des chouans et tenter de restaurer la monarchie en France. Il sera fusillé, quelques jours plus tard, à Vannes.

1805 (9 janvier) – La commune de Vallières est rattachée à celle de Fondettes par décret impérial.

1806 (18 septembre) – Etablissement du procès-verbal de délimitation du territoire de la commune de Fondettes.

1808 (12 août) – De retour de Bayonne où il a résidé d’avril à juillet pour tenter de résoudre les difficiles affaires d’Espagne, l’empereur Napoléon, accompagné de Joséphine, passe sur la levée de la Loire, à Fondettes.

1815 (de juillet à septembre) – Occupation prussienne. Après la bataille de Waterloo qui conclut la période des Cent-Jours, les troupes prussiennes envahissent une partie de la France. La Touraine n’y échappe pas, et Fondettes non plus qui doit héberger, aux frais des habitants, quelques soldats ennemis.

1871 – Incendie de la closerie de la Plaine appartenant à la famille Goüin. Sur le même emplacement a été construit l’actuel château, devenu Lycée agricole en 1950.

1907 (18 août) – Inauguration de la gare du bourg de Fondettes.

1914-1918 – Pendant la Grande Guerre, 76 jeunes soldats originaires de Fondettes, ou résidant dans la commune, perdent la vie sur les champs de bataille.

1927 – Construction des abattoirs municipaux qui fonctionneront jusqu’en 1967.

1937 (7 novembre) – Inauguration, au lieu-dit « le Clos Poulet » de la plaque destinée à désigner la rue principale du bourg et portant le nom d’Eugène-Goüin (1818-1909), qui fut maire de Tours (1866-1874) et de Fondettes (1884-1892).

1939 (septembre) – Face à la menace allemande, le gouvernement de la France se replie en Touraine. Le président du Sénat, Jules Jeanneney (1864-1957) est logé au château de la Plaine.

1944 (juin et juillet) – Bombardements au pont de la Motte. Le viaduc ferroviaire de Saint-Cosme est visé par l’aviation alliée qui souhaite retarder l’envoi de troupes allemandes vers la Normandie, puis le repli de ces mêmes troupes vers l’Allemagne. Ces raids ont fait de nombreux morts et blessés parmi la population locale et d’importantes destructions d’immeubles au pont de la Motte et aux alentours.

Claire Oberge-Sanzay, résistante : ses attaches fondettoises

Claire Oberge-Sanzay, résistante : ses attaches fondettoises

Claire Oberge-Sanzay, grande résistante : ses attaches fondettoises.

Celle qui est honorée pour son action de résistante sous le nom de Claire Oberge est née le 31 août 1903. Elle est alors déclarée sous les prénoms de Clara, Constance, à la mairie de Chinon, où vivent ses parents, Louis Courmarcel, ouvrier graveur sur métaux, et Anne Garnier, ménagère, dans une des maisons du quartier populaire du coteau. Et c’est à Chinon qu’elle passe son enfance et qu’elle épouse, le 30 octobre 1920, Auguste Sanzay, qui exerce le métier de maçon. Elle, à cette époque, occupe les fonctions de femme de chambre.

Son mari décède prématurément en 1930. Elle part alors s’installer à Sceaux. C’est là qu’elle rencontre celui qui deviendra son second époux, Charles Oberge. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle travaille pour ce dernier, dépositaire de journaux dans la ville. C’est dans ce cadre qu’elle va intégrer les réseaux de la Résistance et se distinguer par de nombreuses actions d’éclat. Dans la camionnette de Charles Oberge, elle va notamment sortir plus de 400 prisonniers des camps allemands de La-Croix-de-Berny, La-Celle-Saint-Cloud, Antony, Gien, Montargis… Elle déménage aussi le matériel de l’imprimerie clandestine du journal « Résistance » alors que celle-ci venait d’être repérée par l’ennemi. Elle participe encore à la fabrication de fausses cartes et faux-papiers dans une petite imprimerie installée dans l’arrière boutique de la librairie. Elle héberge enfin des parachutistes alliés dans son appartement au dessus du commerce.

Après la guerre, grande résistante reconnue, elle est la première femme, avant la maréchale Leclerc, appelée à ranimer la flamme devant la tombe du Soldat inconnu.  Elle reçoit de nombreuses distinctions : croix de chevalier de la Légion d’honneur, croix de guerre avec palme, médaille de la Résistance… Elle sera également membre du conseil municipal de la ville de Sceaux.

Veuve depuis 1971, en 1987, âgée de 84 ans, elle quitte la ville de Sceaux pour venir vivre ses dernières années chez son neveu, Léon Sanzay, conseiller municipal charismatique de Fondettes. Elle décède en 1992 à la maison de cure de Luynes.